Dimension clinique, d'hier à aujourd'hui

La biobanque de cerveaux présente un panel de pathologies variées à prédominance psychiatrique ou liées aux conséquences neuro-cognitives d’une primomaladie, telle que la neurosyphilis. Bien qu’elle soit connue depuis le 16eme siècle, sa compréhension médicale reste incomplète pour des raisons historiques, épidémiologiques, biologiques et techniques. Les descriptions sont issues de l’ère pré-pénicilline, avant 1950. Depuis, très peu de recherches ont été effectuées par manque d’intérêt pour une infection facilement traitable, par la difficulté de diagnostic et la rareté des essais cliniques portant sur une pathologie infectieuse cérébrale.

Même avec le développement moderne de techniques d’imagerie médicale, l’étude des interactions d’un pathogène et du système nerveux central reste difficile. Sur un être vivant, seul un prélèvement de liquide céphalo rachidien par ponction lombaire, geste complexe et non sans risque, permet les études de diagnostic et de pathogénèse. L’objectif de ce module est de répondre à ces lacunes biologiques et d’éclairer les connaissances cliniques actuelles. L’accès à du tissu historique cérébral, précieux et rarissime, est une opportunité d’étudier rétrospectivement la pathologie sur plusieurs angles.

Nous analysons 1) l’impact pharmaceutique en comparant les cas pré versus post ère pénicilline, 2) les co-infections et comorbidités (tuberculose, VIH, maladies neuro-dégénératives), 3) l’évolution génétique des souches et les profils phénotypiques (résistances aux antibiotiques, sévérité de l’infection). L’utilisation de l’IA facilite le croisement des informations de chaque module et stimule les applications cliniques dans un contexte de résurgence actuelle de la syphilis.

Extrait du film "l'ennemi secret" (1945) décrivant la neurosyphilis avec ici la perturbation de la motricité.

Schéma du polygone de Willis, ou système vasculaire cérébral, extrait d'un dossier d'autopsie (1943).